- rouillarde
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I.⇒ROUILLARDE1, subst. fém.Épée rouillée, hors de service. L'épée de Fontenoy était risible et n'était qu'une rouillarde; l'épée de Marengo était odieuse et n'était qu'un sabre (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 743).— P. anal. Vieux fusil. Synon. pop. pétoire. Savez-vous avec quelle extraordinaire rouillarde il [un braconnier] les tire [des faisans]? C'est une pièce de musée (A. FRANCE, Orme, 1897, p. 201).Prononc. et Orth.:[
]. Homon. et homogr.: rouillarde2. Étymol. et Hist. 1790 « vieille épée » 25e lettre bougrement patriotique du véritable père Duchêne, p. 5 ds QUEM. DDL t. 32; 1897 p. ext. « vieux fusil » (FRANCE, loc. cit.). Dér. méton. de rouille. Bbg. QUEM. DDL t. 32.
II.⇒ROUILLARDE2, subst. fém.Arg., vieilli. Bouteille de vin. Nous viderons (...) cette vieille rouillarde, pour célébrer votre admission parmi nous (VIDOCQ, Vrais myst. Paris, t. 6, 1844, p. 296). Allons picter [boire] une rouillarde (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 181).Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. rouillarde1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1513-14 royllarde « barrique » (Les Souhaitz du monde ds Rec. de poés. fr. XVe et XVIe s., éd. A. de Montaiglon, t. 1, p. 312: une grosse royllarde, Pleine de vin pour resjouir les gueux); 2. 1627 « bouteille » (PÉCHON DE RUBY, Vie généreuse des Mercelots d'apr. SAIN. Arg., p. 79); cf. ca 1821 rouillarde de Bordeaux (ANSIAUME, Arg. bagne Brest, fol. 10 r °, § 215). L'étymol. couramment proposée est une dér. méton. de rouille en raison de la couleur du vin contenu; même orig. pour le dér. masc. rouillard « baril » (av. 1593, G. BOUCHET, 36e Séree [V, 129] ds HUG.: barrils, que les mattois appellent le rouillard), FEW t. 10, p. 428a. Il n'est cependant pas impossible qu'il s'agisse là d'une étymol. seconde, rouillard, rouillarde « baril, barrique » étant primitivement dér. du verbe a. fr. roillier, rouiller « rouler (p. ex. sur une pente) » (v. érailler), p. allus. à la possibilité de transporter un baril en le faisant rouler; cf. FEW t. 10, p. 507a; le rapprochement avec rouille et la perte de conscience de l'étymon primitif ont entraîné le sens 2.
DÉR. Rouille, subst. fém., abrév., arg. Bouteille de vin; en partic., bouteille de champagne. On ira vider quelques rouilles au Rêve Bleu (LE BRETON, Rififi, 1953, p. 28). — []. — 1re attest. 1836 « bouteille » (VIDOCQ, Voleurs, t. 2, p. 69); dér. régressif de rouillarde2.
BBG. — DAUZAT Ling. fr. 1946, p. 295.rouillarde [ʀujaʀd] n. f.❖♦ Argot anc. Bouteille de vin rouge. — Bouteille. ⇒ 2. Rouille.
Encyclopédie Universelle. 2012.